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POLITIQUE EN PACA & POLICY IN THE WORLD in English, French and Italian 0632173633 - diaconesco@gmail.com
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2 février 2024

GRAVE CRISE DES AGRICULTEURS DE TOUTE L'UNION EUROPEENNE COMMENT CELA VA-T-IL FINIR AVEC BRUXELLES ?

Karine Duc, la viticultrice
sortie de garde à vue,
se confie à BV

« Mes droits ont été bafoués, c’est insupportable ! » 

Indissociable de son béret jaune, la médiatique syndicaliste Karine Duc, co-présidente (avec José Perez) de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne (CR47), s’est confiée à Boulevard Voltaire à l’issue de sa garde à vue, ce jeudi, et nous raconte cette « rafle » des gendarmes, mercredi soir : « J’ai demandé à voir mon avocate, elle s’est présentée au commissariat peu de temps après mon interpellation. J’étais menottée sur le banc à l’accueil, les policiers ont refusé qu’elle vienne me voir parce qu’ils n’avaient pas tous les papiers. Ils n’avaient pas la possibilité de la laisser faire la consultation à laquelle j’avais droit. »

Si elle répète, au téléphone, que « tout va bien maintenant » et qu’elle ne sait pas « ce qui peut lui être reproché », manifestement, les gendarmes missionnés hier soir non plus : « Pendant toute la soirée, ils ne savaient pas si j’étais en hébergement ou si c’était autre chose, ils ne savaient pas précisément pourquoi j’étais là. » Et, ironie de l’histoire, « à plusieurs reprises, ils m’ont demandé qui j’étais. J’ai été fouillée trois fois. Ils étaient un peu dépassés par la rafle qu’ils ont faite. Ils ont interpellé et mis en garde à vue 80 personnes. »

Redonner ses lettres de noblesse à la paysannerie française

Surprenante arrestation, pour celle qui était reçue à Matignon le midi même à la table de Gabriel Attal et qui maintient avoir manifesté pacifiquement à Rungis, sans tracteur ni dégradations. Plus déterminée que jamais, la viticultrice agenaise tient à « faire en sorte que les agriculteurs ne restent pas dans la misère et puissent trouver de vraies solutions pour reprendre leur métier ». Ce qui la motive ? « Redonner toutes ses lettres de noblesse à la paysannerie française. On a été trop longtemps dénigrés, nous avons trop souffert de politiques et de mesures qui ont détruit un bon nombre d’agriculteurs », nous explique-t-elle.

Le courage et la persévérance ne manquent pas à cette viticultrice reconvertie en biodynamie, il y a quatre ans. Répondant à cet appel de la terre, cette fille d’agriculteur qui a d’abord exercé dans des services administratifs de structures agricoles (les Vignerons de Buzet, Terre du Sud, et la Coordination rurale) est repartie de zéro, avec des terres en friche. Patiemment, elle a économisé pour concrétiser ce projet et planter sa vigne. « C’était peut-être un peu culotté. Mais c’est aussi ma personnalité ! » confiait-elle à la presse locale, ajoutant : « Choisir la viticulture, ça s’est imposé à moi, les sols ne supportent guère d’autres cultures. C’est une terre pas facile à vivre, et on ne peut aller contre la nature, il faut l’accepter et faire avec. »

Un soutien des Français qui oblige et qui honore

Pour l’heure, Karine Duc nous avoue ne pas avoir pris encore connaissance de la série d’annonces prononcée par Gabriel Attal, ce jeudi à midi, en conférence de presse : « On était en train de se faire virer de la façon la plus impropre possible, on nous escorte de façon misérable jusque chez nous, on nous jette, je n’ai pas pu prendre le temps nécessaire pour écouter ce qu’il a dit. » Sa préoccupation consistait plutôt à « regrouper tout le monde afin de rentrer tous ensemble en groupe, et ne laisser personne dehors ».

Un sentiment perceptible d’amertume compensé, fort heureusement, par le soutien chaleureux des Français qui

 « oblige et qui honore » : « La population est avec nous. Des personnes nous arrêtent et nous soutiennent. Des gens venaient porter des aliments aux agriculteurs bloqués sur les convois et même le gîte pour ne pas qu’ils dorment dehors. Le peuple est à 300 % avec nous, alors que les cols blancs, malheureusement, nous ont complètement méprisés et dénigrés. »

 

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[Bruxelles] Face à face,
l’Europe des technos et
l’Europe de la terre

 

 

Ce jeudi 1er février, à Bruxelles, les dirigeants des pays européens se sont rencontrés pour débattre de la révision du budget de l'Union européenne pour la période 2021-2027. Le rendez-vous s’est déroulé dans l’habituel entre-soi - malgré la présence, sur la proche place du Luxembourg, de plus d’un millier de tracteurs et d’une foule d’agriculteurs venus de France, d’Italie, d’Allemagne, de Hollande, de Belgique. Quel symbole que ces gens de la terre protestant à la porte même de l’Union européenne !

L’eurodéputée RN Patricia Chagnon était parmi les manifestants, ce matin. « J’ai constaté chez eux, explique-t-elle à BVune grande frustration : celle de ne pas être écoutés. Mais aussi un espoir : ils ne se battent plus seuls dans leur coin. Les divergences nationales existent, mais les agriculteurs ont conscience que la source de leur problème, c’est l’Union européenne. Elle impose la concurrence déloyale des traités de libre-échange, les normes absurdes, la décroissance sous forme d’une réduction de 15 % des terres agricoles. Il y a là un combat commun. » C’est cela, la grande différence avec les manifestations antérieures. L’Union a fait l’union… mais contre elle. « On ne construit pas l’Union en contraignant les peuples, en les soumettant à des décisions contraires à leurs intérêts et qui n’ont jamais été votées par les Parlements nationaux », rappelle l’eurodéputée.

L'eurodéputée Patrica Chagnon avec des agriculteurs aujourd'hui à Bruxelles.

De l’utilité des herses

Ces jours derniers, on a pu voir le bâtiment de l’UE se protéger de herses barbelées. Ces herses qu’on n'a jamais vues aux frontières pour nous protéger des migrants, les responsables de l’UE se les gardaient pour eux - pressentant peut-être qu’un jour, à force d’emm… les Européens, ceux-ci viendraient leur demander des comptes. « Les frontières des Européens sont ouvertes, la concurrence déloyale reste impunie, mais les portes des bureaucrates sont bien fermées et très sécurisées »a tweeté la députée Vox Rocio De Meer.

Aux herses se sont ajoutés les forces de l’ordre et trois hélicoptères. Les agriculteurs ont lancé des fumigènes, incendié des palettes et des pneus, renversé l’une des statues d’un monument à la gloire du sidérurgiste John Cockerill. En milieu de matinée, certains d’entre eux ont tenté de forcer le passage vers le Parlement, ils ont été repoussés par les canons à eau et les gaz lacrymogènes.

L’ordre du jour ? L’Ukraine. Et l’esprit de Jacques Delors

À part Viktor Orbán, qui avait rencontré, mercredi soir, les agriculteurs alors qu’ils positionnaient leur blocus, les dirigeants des pays européens n’ont pas eu un mot pour les manifestants en arrivant à la réunion. Ils n’avaient que « Ukraine » à la bouche. Une position résumée par la présidente du Parlement européen Roberta Metsola qui, après avoir déclaré « Les gens attendent de nous crédibilité, légitimité et anticipation » (oh que oui !), énumérait un ordre du jour à côté de la plaque : l’Ukraine, le Moyen-Orient, la santé, l'énergie et la recherche.

« Cela montre le mépris total de nos dirigeants pour la ruralité, réagit Patricia Chagnon. Ils pensent savoir mieux que les peuples ce qui est bon pour eux. Ils dictent ce qui est bien et ce qui est mal. Ils ne veulent pas admettre que les peuples ont une âme et une volonté. » Un mépris confirmé par un tweet d’Ursula von der Leyen, qu’Emmanuel Macron a rencontrée en amont. Sans un mot pour les agriculteurs, elle y invoquait « la flamme de l’esprit de Jacques Delors ».

Dans une rue non loin du Parlement européen. Source Twitter Patricia Chagnon

Rendez-vous le 9 juin

C’est toute l’ambition de l’Union européenne, une flammèche fumeuse et vacillante qu’on a envie de moucher définitivement ? « Aux élections européennes, plus que jamais, selon Patricia Chagnon, deux visions s’opposeront. Celle des normes, toujours plus de normes et d’UE, ou celle qui desserre l’étau et laisse respirer les États-nations. L’agriculture a une importance économique, stratégique, culturelle, historique : à chaque pays de décider. » Le 9 juin, en voiture, à vélo ou... en tracteur, il s'agit d'aller voter.

 

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Jeudi en fin d’après-midi, Ursula von der Leyen a annoncé que la Commission européenne va travailler à « réduire le fardeau administratif » des agriculteurs, mais aussi à défendre leurs « intérêts légitimes ». Découvrirait-elle la Lune ? L’eau tiède ? Ou n’est-ce qu’un enfumage, histoire de calmer le jeu ? Au même moment, les premiers tracteurs commençaient à quitter la place du Luxembourg. Certains manifestants s’en sont à nouveau pris à la police. Il n’est pas exclu que des tracteurs restent sur place, histoire de rappeler à Mme von der Leyen que les engagements, même superficiels, même vagues, ça se tient.

 

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