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5 mai 2022

CULTURE A NICE ... LA TRIBUNE DE JACQUES WEBER ! AINSI QUE LE DEPUTE ERIC CIOTTI DIT NON A LA DEMOLITION DU THEATRE DE NICE

Tribune Jacques Weber Nice-Matin 28 avril 2022

Jacques-weber

🇫🇷 THÉÂTRE de NICE : « Je suis triste et dégouté »
               - JACQUES WEBER Acteur, réalisateur -

JACQUES WEBER :

Celui qui est aussi scénariste a dirigé, de 1986 à 2001 le Théâtre de Nice. En 1989, c’est notamment sous son impulsion que le théâtre s’installe dans le bâtiment de la promenade des Arts.

« J’ai connu les premiers coups de pioche pour la construction du Nouveau Théâtre de Nice ; j’ignorais que j’en connaîtrai les derniers pour sa démolition. Que dire ? L’injustice est rendue : un Théâtre aimé par sa ville, méprisé par son maire va être décapité. La municipalité suivie comme son ombre par Madame la ministre de la Culture a décidé abrupto de priver la cinquième ville de France d’un théâtre encore jeune, trente ans c’est la force de l’âge dit-on, qui fut édifié par la volonté conjointe de Jacques Médecin, mon équipe et moi-même en 1989.
Certes on peut encore discuter des motivations de la municipalité de l’époque mais les faits sont là : un ensemble architectural liant Théâtre et Musée sortait de terre ceint par un mur et ses fontaines jusqu’à la bibliothèque et son jardin. Un vrai théâtre avec ses deux salles, sa salle de répétition et son atelier au cœur de la cinquième ville de France ouvrait ses portes.

Je répugne à parler chiffres, ce n’est pas ma fonction ; ils sont connus de tous et certains responsables de théâtre, plus hommes d’affaires qu’artistes, les connaissent très exactement et ne peuvent les démentir. Comment peut-on affirmer que ce théâtre gêne un projet écologique de grande envergure ? Il est vrai que planter des arbres dans un mètre et demi de terre posée sur une dalle de béton, elle-même recouvrant le lit regretté du Paillon, est une aberration, de l’écologisme miniature de nos gouvernants. Comment peut-on affirmer que le théâtre est dans un tel état qu’il vaut mieux le démolir que l’entretenir ?
C’est vrai démolir Notre-Dame coûterait moins cher que de la rénover ! Plaisanterie mise à part, j’ai joué dernièrement au Théâtre de Nice et connaissant les vilains bruits sur son état je l’ai revisité, certes avec émotion et vigilance. J’exerce mon métier depuis plus de 50 ans, je connais le terrain et peux mieux que nos décideurs en apprécier l’état : contrevérités ! Ce théâtre est en parfait état de marche et s’il reste perfectible, comme tout établissement public, aucuns travaux d’importance ne sont à envisager. Pourquoi ne me suis-je pas exprimé plus tôt ? J’ai su très vite que la partie était faussée en lisant les « réponses types » rédigées par le secrétariat du ministère en quelques lignes impersonnelles.

Un théâtre, payé par les deniers publics, qui durant ma direction, avoisinait les 90% de fréquentation durant 15 ans, qui programmait les plus grands créateurs contemporains, accueillait un Festival Européen, créait un Festival des Compagnies Régionales, ouvrait grand ses portes aux nouvelles générations, ce théâtre, dis-je, était définitivement condamné à mort. Impossible n’est pas ministériel. Je le dis aujourd’hui, touché, dégoûté, si triste pour les merveilleuses équipes que j’ai dirigées, triste pour un public qui désormais n’aura plus de port d’attache ; juste une petite salle proposée à la hâte dans une église désaffectée (je souhaite sincèrement qu’elle soit réussie) suivi, dit-on d’autres installations dont on ignore encore le coût final et le coût d’exploitation dans trois lieux distincts.
La chronique d’une mort annoncée n’a guère d’intérêt si ce n’est la mise en garde à laquelle elle nous oblige. Ici le « quoiqu’il en coûte » prend un tout autre sens. Impossible n’est pas niçois, 10 milliards de centimes pour un théâtre de trente ans envolé, le denier public méprisé, sans compter le coût ignoré de la démolition et de la démultiplication des lieux de compensation. Enfin le politique et la démagogie, comme un vilain rat malade, rongent la culture, ce jardin universel et jamais clos, ce jardin de la pensée, du langage, de l’imaginaire et du réel. Ce réel si loin des caprices d’un pouvoir hautain. Je ne veux ici que témoigner de ma peine et de ma colère ; je désire mettre en garde sur la falsification sourde des faits tout aussi dangereuse que les fake news.
La vérité est navrante : un théâtre a été condamné pour délit de sale gueule. Un théâtre idéal n’existe pas et la construction du théâtre de Nice fut un noble et âpre combat avec ses abandons et ses réussites. Il me ressemble, sa salle à l’italienne couleur de feu, sa salle grecque couleur d’azur, je l’ai voulu ainsi et j’en connais mieux que personne les intimes défauts. Yves Saussinan qui nous a quittés depuis, était toujours à mes côtés et a su donner à ces lieux fraternels et chaleureux, la structure administrative et la relation publique qu’il lui fallait pour que mon successeur puisse le reprendre en parfait état de marche, en équilibre, avec un public fidélisé et toujours plus nombreux, ce qu’il ne pourra jamais contester ; ce que Monsieur le Maire lui-même ne peut contester.
Le maire d’ailleurs, durant près de dix ans a soutenu haut et fort mon successeur. Le théâtre ne lui semblait pas « affreux » (ce sont ses propres mots) à l’époque. Certes la municipalité et le ministère arguent que l’activité du CDN sera préservée et innovante dans un flou artistique, il n’empêche, le fait est là, quasiment unique dans l’histoire du Théâtre Public, un théâtre en parfait état est démoli, et sa surface au sol ne pourra accueillir que quelques maigres arbustes. Cela ressemble à une histoire drôle mais ce n’est pas une histoire drôle. J’allais oublier qu’impossible n’est pas niçois ! Il reste le grand large, naguère on l’entendait gronder tout près de la place Garibaldi, désormais rien, plus rien, le silence et la poussière. »
JACQUES WEBER 

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Le Nouveau Théâtre des FRANCISCAINS dans le Vieux Nice  
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