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POLITIQUE EN PACA & POLICY IN THE WORLD in English, French and Italian 0632173633 - diaconesco@gmail.com
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3 mars 2022

GUERRE UKRAINE-RUSSIE ... C'EST LOIN D'ÊTRE FINI CAR LES NEGOCIATIONS SONT AU POINT MORT !

Donbass – La bataille de
Marioupol a commencé

 

 

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par Christelle Néant.

Après l’achèvement de l’encerclement total de Marioupol (dans le sud du Donbass), et la capture des localités proches comme Chirokino, par la milice populaire de la RPD (République Populaire de Donetsk) et l’armée russe, la bataille pour la libération de la ville peut désormais commencer.

Pourquoi est-ce que je parle de libération ? Eh bien pour rappel, le 11 mai 2014, la population de Marioupol, comme celle de Donetsk, Makeyevka, Gorlovka, ou des autres localités de l’oblast de Donetsk a voté à une écrasante majorité (89 %) pour quitter l’Ukraine, après le coup d’État du Maïdan.

Depuis 2014, la ville est sous le contrôle de l’Ukraine, le pays que les habitants de Marioupol avaient choisi de quitter. Une ville où bataillons néo-nazis et SBU ont installé des prisons secrètes où ils pratiquaient la torture à échelle industrielle (entre autre dans le sous-sol de l’aéroport), le viol des prisonnières, et les exécutions extra-judiciaires, contre quiconque soutenait la RPD, ou la RPL (République Populaire de Lougansk), ou était soupçonné de les soutenir.

Et huit ans plus tard, la milice populaire de la RPD et l’armée russe lancent la bataille qui permettra de libérer Marioupol. La ville est désormais totalement encerclée par les deux armées après la capture de Chirokino et Volnovakha par la milice populaire.

Deux couloirs humanitaires ont été organisés par l’armée russe et la milice populaire de la RPD, pour permettre à la population civile de fuir la ville avant le lancement des combats. Un vers l’est, en direction de la RPD et de la frontière russe, et l’autre vers l’ouest, en direction de Mangouch, qui est sous contrôle de l’armée russe. Les civils avaient jusqu’à aujourd’hui pour partir, mais il semble que les soldats ukrainiens les ont empêché d’emprunter ces corridors.

 

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Chirokino ayant été libérés nous avons voulu nous rendre sur place afin de voir les positions qu’occupaient les forces armées ukrainiennes et les éventuels objets ou informations que les soldats ukrainiens ont pu laisser derrière eux dans leur fuite. Un concert patriotique de la chanteuse russe Ioulia Tchitcherina devait aussi y être organisé pour encourager les soldats partant pour le front.

Mais après la visite du chef de la RPD, Denis Pouchiline, qui a décoré sur place des soldats participants à l’offensive, et au vu du lancement imminent de la bataille visant à libérer Marioupol, nous n’avons pas pu nous y rendre pour des raisons de sécurité. En effet, l’armée ukrainienne va très certainement bombarder ses anciennes positions désormais occupées par la milice populaire de la RPD.

 

Le concert patriotique a donc été déplacé à Novoazovsk, où nous avons pu voir deux drapeaux du bataillon néo-nazi Secteur Droit, qui ont été oubliés par les soldats ukrainiens lorsqu’ils ont fui leurs positions près de Marioupol.

 

Voir le reportage sous-titré en français :

 


La bataille de Marioupol promet d’ailleurs d’être très « sale » aussi bien sur le plan militaire que médiatique. En effet, le ministère russe de la Défense a averti que les combattants du régiment Azov avaient miné les ateliers de l’usine Azovstal à Marioupol, et que les employés continuent d’y travailler en ignorant que les néo-nazis s’apprêtent à faire sauter l’usine avec les ouvriers dedans si les défenses de la ville étaient percées.

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Sur le plan de la tactique, la Russie va utiliser les leçons tirées des deux guerres de Tchétchénie pour « nettoyer » Marioupol efficacement, tout en préservant au maximum les civils.

Ailleurs en Ukraine, l’incitation des autorités à fabriquer des cocktails Molotov et à les utiliser contre les colonnes d’équipement militaire russes a des conséquences terribles pour la population civile.

À Kherson, des civils qui préparaient des cocktails Molotov pour les balancer contre les troupes russes, ont fini déchiquetés. Comme le rappelle la personne qui a posté cette vidéo très choquante (ne pas regarder si vous êtes mineur ou si vous n’avez pas le coeur bien accroché), toute personne qui prend les armes n’est dès lors plus un civil mais un combattant et sera éliminé comme tel.

 

De plus le maniement des cocktails Molotov par des personnes qui ne connaissent rien aux armes provoque aussi des catastrophes. Ainsi, un cocktail Molotov a été jeté sur un lance-roquettes multiples Grad russe, chargé à bloc. Au lieu d’essayer de sauver le véhicule qui a pris feu, les soldats russes l’ont abandonné. Les miliciens ukrainiens se réjouissaient de leur réussite lorsque le feu a atteint l’arrière où se trouvaient les 40 roquettes Grad de 122 mm chargées dans les tubes de lancement ! L’explosion a pulvérisé le quartier, faisant bien plus de pertes parmi les civils et les miliciens ukrainiens que parmi les soldats russes visés par ce cocktail Molotov ! Le débilisme dans sa plus pure splendeur !
Les soldats ukrainiens continuent aussi de se cacher derrière les civils, comme ici, dans une école, qui a bien sûr été bombardée par l’armée russe quand il était devenu clair que c’était devenu un quartier général militaire. Il est évident que seule la moitié de l’information sera publiée par la plupart des médias occidentaux (« une école bombardée par l’armée russe »).

Pour les détails des différents chaudrons, des batailles pour les grandes villes, etc, suivez-nous en direct sur Telegram : https://t.me/donbassinsider.

 

Christelle Néant

 

source : Donbass Insider

 

 

Niouzes d’Ukraine
02/03/2022

 

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par Patrick Reymond.

On constate le décervelage de certains. Un journaliste demandait à Biden si l’Ukraine était en train de gagner la guerre.

Auto-intoxication grave.

Il faut remettre en perspective les choses.

D’abord, si la plupart des villes tiennent, c’est pour la raison qu’elles n’ont pas été attaquées, et qu’il peut y avoir des forces importantes dedans. Karkov est un exemple. N’importe quel bredin un minimum capable de lire une carte de géographie peut dire, comme Koursk en 1943, qu’elle était une cible évidente.

Mais en 1941, les allemands se gardèrent, dans un premier temps de s’en emparer. La manoeuvre peut tout à fait les contourner, comme les divisions blindés évitaient d’avoir à affronter les chars KV1 et KV2 immobilisés, souvent par incidents mécaniques. Ils passaient à distance adéquate, et s’en occupaient plus tard.

La manoeuvre sur le terrain est plus importante.

Les brises lames de l’armée allemande s’ils ont fonctionné en 1942 et 1943, n’ont plus opéré en 1944. Les troupes avaient appris à les contourner, pendant que le moral d’une garnison assiégée qui sait que personne ne viendra s’effondre vite. Alors, la vraie question celle jamais posée par nos médias, les russes piétinent ils devant les grandes villes ou sont ils déjà très loin devant ???

La nouvelle importante est la chute de Kherson. Visiblement, il est clair que deux chaudrons sont en formation dans le Donbass, l’un est Marioupol (déjà formé), l’autre à Kramatorsk, en voie de formation, sous le feu russe, mais pas encore totalement fermé.

A l’ouest de l’Ukraine se déroule la partie la plus importante. Les restes des armées ukrainiennes, si ils ne sont pas annihilés dans les poches précédentes et dans les batailles qui sont visiblement de fixation, comme Karkov, sera acculée sur le Dniepr, comme sur une enclume.

La donne la plus importante, c’est Pervomaisk. A l’ouest. Les deux traits noirs, indique les chaudrons en formation.

Si les ukrainiens décrochaient de kramatorsk, ils pourraient à la rigueur, essayer de résister plus à l’ouest, notamment sur le Dniepr, mais ils sont sans doute atteint du mal de bien des militaires, la difficulté mentale de décrocher d’une ligne fortifiée qu’ils ont tenus depuis 8 ans.

Le très couard ambassadeur de France, sans doute un éveillé a été « résister », à Lvov, dans un convoi impressionnant, très bien protégé, couard abandonnant sur place tous les ressortissants. J’ai le souvenir d’une ambassade française à Pnom Penh restant la dernière ouverte.

Il n’a rien à envier à Zelensky, dont on ne sait pas trop où il se trouve, enfin, lui et ses ministres, sans doute à Lviv (Lvov), « organisant » la défense. De fait, il a battu en ridicule le gouvernement français de 1940, plus réaliste sur ses possibilités réelles une fois à Bordeaux…

Le sinistre de l’économie, lui, se fait remonter les bretelles par Medvedev. Il croit que la « guerre économique », les Russes ne la feront pas aussi ??? Un bredin, lui aussi, de premier acabit. Il a très vite rétropédalé. Normal, là aussi, un couard. Et un irresponsable. Ces propos sont de ceux qui déclenchent des guerres.

Biden, lui, se fâche, pour une question. Comment se fait il que son fils gagne des millions en Ukraine ???

« Oui Le rouble est la monnaie russe. Mais leur véritable monnaie, ce sont le pétrole et le gaz, qui ne cessent d’augmenter face à toutes les autres devises mondiales… Nuance subtile n’est-ce pas ? Mais qui leur donne beaucoup d’options » L’auteur a oublié le blé et moult richesses minérales. Mais pas les chinois qui ont conclut un accord avec Gazprom.

Pas un seul pays musulman ne soutient l’occident face à la Russie. Israël, pareil. Sans doute maltraités de longue date par les « diplomaties » occidentales », goûtent ils la situation, tout en se disant qu’il serait inopportun de fâcher leur fournisseur de blé. Ah oui, les russes viennent de mettre la main sur le grenier à blé Ukrainien…

Avant de parler d’échec militaire russe, il vaut mieux attendre. On ne sait rien ni des buts de guerre, ni de leur timing. Cela me semble, au contraire, une affaire classique d’une guerre classique où l’on cherche à détruire une armée. Après, la population viendra au secours du vainqueur. Et la situation n’est pas afghane. Le pays se vide depuis 30 ans.

Certains ont quand même compris que tout n’était pas que communication

Comme l’a dit Nicolas Bonnal, les bombardements journaliers de la population du Donbass ne dérangeait personne, ni en occident, ni en Ukraine.

Face au matraquage médiatique, on ne s’étonnera pas que les gens interrogés soient majoritairement intéressés par cette actualité brûlante, et bien sûr pleinement solidaires du peuple ukrainien. Sous-entendu, du peuple ukrainien sous les bombes russes. Ils auraient peut-être été aussi solidaires des Ukrainiens russophones de l’est du pays bombardés huit ans durant par leur propre gouvernement, s’ils avaient été au courant des événements.

« Le covidiste se reconvertit généralement très bien en otanolâtre : même amour de la soumission à la propagande ! Il lui faut régulièrement sa dose de guerre pour se sentir bien ! En 2003, il regardait déjà effrayé Colin Powell brandir sa petite « fiole d’anthrax » devant l’ONU ». (Florian Philippot).
Le pays, depuis 2014, ne vit que des transferts de travailleurs à l’étranger, et de « prêts » du FMI, destinés à la guerre, qui font monter sans cesse, une dette étrangère dont je vous laisse deviner le destin…

source : La Chute

 

 

La lutte pour le centre de l’Eurasie

 

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par Tobias Salander.

Il était une fois une puissance mondiale outre-atlantique déclinante. Elle s’était donné pour mission de défendre la démocratie, la liberté et les droits de l’homme. C’est en tout cas ce que voulaient faire croire ses conseillers en communication qui, dans leurs palais de verre, gagnaient leur vie en faisant prendre aux gens des vessies pour des lanternes. Et la tâche n’était pas simple, puisque le pays de la liberté s’était construit sur les cadavres de millions de natifs assassinés, une population indigène fière et combattive (les indiens) qui n’avait pas invité les immigrés ayant débarqué dès le 16e siècle. La deuxième tache que les communiquants ont su effacer a été la déportation de millions d’Africains qui, en tant qu’esclaves, ont servi de base à l’immense enrichissement des Européens immigrés dans le nouveau pays «promis».

Une fois que l’on eut «incorporé» les vastes prairies, et que l’on s’apprêtait à «protéger» la liberté des voisins du sud et des habitants des îles d’Asie, riche de l’expérience de l’ancienne puissance coloniale (dont ils se prenaient pour les héréditaires dignes) qui, en tant que Britannia régissante, avait déjà montré au monde d’antan ce que c’était de prendre le fardeau de l’homme blanc en «pacifiant» la moitié de la terre et tous les océans, on s’est senti, outre-atlantique, appelé par Dieu himself pour prendre sur soi le nouveau fardeau du gendarme du monde.

Lorsque le monde s’est déchiré une première fois au 20e siècle, on s’est mis en tête de donner aux peuples le «droit à l’autodétermination» et de rendre le monde «sûr» pour la démocratie. La montée en puissance financière qui accompagna ce phénomène n’était en rien involontaire et constituait la base d’une ascension fulgurante, qui n’a pas été stoppée, mais au contraire encouragée par les millions de vies sacrifiées. L’ancienne puissance coloniale était définitivement en faillite, il ne restait plus qu’un contradicteur qui, après une guerre froide de plusieurs décennies, baissa pavillon et finit par imploser.

On déclara alors l’histoire terminée et le propre way of life comme définitivement victorieux. Puis tout s’est enchaîné: en trente ans, les invasions se sont succédées, des millions de personnes ont été massacrées, le monde recouvert d’un tapis de propagande qui a rendu les gens sourds et aveugles. Bien que des reproches s’élevaient aussi à l’intérieur du pays, ils étaient étouffés par les tambours de guerre, qui savaient toutefois se rendre séduisants: ne continuait-on pas à se battre pour la liberté, pour les droits de l’homme, contre la terreur? En réalité, ces valeurs étaient pourtant piétinées dans des camps de torture illégaux, par des assassinats illégaux par drones et des sanctions illégales qui affamaient des centaines de milliers d’enfants. Mais pour la seule superpuissance restante, cela en valait la peine, comme l’a laissé entendre une dame tough, elle dont la famille avait dû vivre l’Holocauste. On se battait contre des Etats voyous sans se connaître soi-même. Mais qui aurait osé reprocher clairement son comportement au plus grand des méchants? A une bande de brigands, comme l’aurait formulé le père de l’Eglise Augustin, qui disposait de l’armée la plus puissante, de la première monnaie mondiale et d’innombrables «Etats vassaux» européens, comme ne se lassait pas de s’en vanter l’un de ses stratèges d’origine polonaise? Exprimer ce reproche aurait été suicidaire! Et tout cela était-ce vraiment si grave? Voyait-on encore dans les médias des images de cadavres d’enfants affamés, d’hommes et de femmes mutilés?

Dorénavant, tout serait «smart», surtout le «power», qui devait contenter la terre entière, sous la forme d’une combinaison de «hard» et de «soft power», tel que l’avait formulé une ministre des Affaires étrangères et ultérieurement candidate à la présidence.

Et voilà que soudain le rouleau compresseur patine, comme s’il avait heurté une muraille de Chine. Il y avait effectivement des puissances qui ne se laissaient plus faire. La Syrie et l’Afghanistan servirent d’avertissement, le pitbull anglo-saxon s’y étant cassé les dents. Et pourtant, les «révolutions» de couleur, décrites comme des soulèvements populaires, se sont poursuivies, mais toujours made in Homeland, selon une véritable loi de la terreur.

La lutte pour le fabuleux «cœur de l’Eurasie» était engagée; l’«’île mondiale» (le «Heartland» de Halfor John Mackinder, a.d.t.) ne pouvait être dominée, selon les vues stratégique des idéologues concernés, que si l’Europe était dominée, et pour dominer l’Europe il fallait dominer sa région Est, où un pays jouait un rôle central, non pas en raison de ses terres noires fertiles, ça aussi bien sûr, mais en raison de sa position charnière entre l’Est et l’Ouest. C’est là que le conflit ukrainien était né. Ce que la première puissance mondiale témoignait alors comme son attitude était inouï. Freud aurait parlé de projection: tout à coup, les médias étaient remplis de termes que l’on avait jusqu’alors soigneusement passés sous silence ou qualifiés de théorie du complot. Les médias dominants parlaient d’opérations planifiées sous fausse bannière, de mises en scène de guerre, de désinformation, de propagande, d’opérations de communication stratégique. Comme si le monde n’avait pas déjà maintes fois vécu tout cela, sauf qu’à présent, vassaux et souverains criaient fort: «Arrêtez le voleur !» Et si le voleur n’en était pas un? Et qu’il ne prévoyait pas d’attaquer? On en sortirait alors soi-même en héros empêchant une guerre qui n’avait jamais été planifiée.

Dans quel pays a été tourné le film «Wag the dog»? Où, dans une histoire fictive (?), un candidat à la présidence, pour détourner l’attention d’une affaire sexuelle, fait appel au maître sorcier des conseillers en communication, magistralement interprété par Dustin Hoffman. Quoi faire? Une guerre, bien sûr, et ensuite, quand on découvre que c’est un fake, y substitue un héros, un héros oublié. Le scénario est connu, la rhétorique guerrière aussi. Que va-t-il donc se passer maintenant? L’arrivée du héros désintéressé s’avançant sur le champ de bataille pour combattre le Mal? sur un champ de bataille qui n’en est pas un, et dans une guerre entièrement chimérique atrificiellement créée par la propagande? Et ceci dans un monde qui était déjà au bord du gouffre, lorsque les deux puissances nucléaires risquaient l’épreuve de force, et dans une crise dont le ministre de la Défense des «Bons» (Mc Namara) a dit, lors de son grand déballage, que l’on en avait «échappé belle» (lucked out) à l’autodestruction nucléaire!

Faut-il vraiment revivre cela? Et si, cette fois, la chance n’était pas de notre côté? Si la rationalité de certains individus devait faillir? Et si une réaction en chaîne, une fois déclenchée, ne pouvait plus être arrêtée? Quand les vassaux européens crieront-ils enfin la vérité au visage de l’empereur, à moitié nu, à l’instar du petit garçon dans le fameux conte de Christian Andersen? Pour inviter ensuite l’assoiffé du pouvoir à se retirer pour rejoindre la famille humaine, comme un égal parmi les égaux? Il n’est pas encore trop tard pour la paix, pour autant que l’on y aspire.

«Et s’ils ne sont pas morts, ils vivent encore…» Les contes de fées, au moins dans la version des frères Grimm, n’aboutissent-ils pas, presque toujours, à leur fin heureuse? Pour ce qui est des contes de fées modernes, ils n’ont plus le choix. •

source : Horizons et Débats

 

L’armée russe en Ukraine – et après tout,
Poutine nous a prévenu !

 

 

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par Pierre Blanc.

« The American Conservative » écrit que les actions russes en Ukraine sont fondées sur une raison rationnelle – pour assurer leur propre sécurité. Poutine agit en toute honnêteté dans le cadre de ce qu’il a mis en garde à l’avance. Il ne veut pas la guerre avec l’Occident, estime l’auteur. Et Biden doit arrêter l’expansion de l’OTAN.

Lorsque Vladimir Poutine a exigé que les États-Unis excluent l’Ukraine de la liste des futurs membres de l’alliance de l’OTAN, les États-Unis ont sournoisement répondu : l’OTAN poursuit une politique de « la porte ouverte ». Tout pays, y compris l’Ukraine, peut demander à devenir membre et être accepté dans l’alliance. Nous ne changerons rien.

Dans la déclaration de Bucarest de 2008, l’OTAN a placé l’Ukraine et la Géorgie « en ligne » pour l’adhésion à l’OTAN. L’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord stipulait qu’une attaque contre un membre est une attaque contre l’ensemble de l’alliance militaire.

Incapable d’obtenir une réponse satisfaisante à sa demande, Poutine est entré en Ukraine et a réglé la question. Le jeudi 24 février, la Russie a décidé de lancer une « opération militaire spéciale » pour empêcher que cela ne se produise. Poutine a fait exactement ce dont il nous avait avertis.

Quel que soit le caractère du président russe, qui fait désormais l’objet de vifs débats aux États-Unis, il a confirmé une chose : on peut lui faire confiance. Lorsque Poutine prévient qu’il va faire quelque chose, il suit ses propres paroles.

Une semaine après le début de ce conflit, potentiellement le pire en Europe depuis 1945, deux questions doivent être résolues : comment en sommes-nous arrivés là ? Et où allons-nous d’ici ?

Comment en sommes-nous arrivés au point où la Russie a été adossée au mur, et les États-Unis, poussant l’OTAN toujours plus près des frontières de la Russie, l’ont encore plus poussée dans un coin ? Poussé à tel point que Moscou a préféré se lancer dans une opération militaire spéciale contre l’Ukraine plutôt que d’accepter le sort et l’avenir que l’Occident a préparé pour la Russie ?

Considérez : Entre 1989 et 1991, Mikhaïl Gorbatchev a permis la destruction du mur de Berlin, la réunification de l’Allemagne et la libération de tous les « peuples asservis » d’Europe de l’Est.

En détruisant l’empire soviétique, Gorbatchev a permis à l’Union soviétique de se désintégrer en 15 États indépendants. Le communisme a été autorisé à disparaître en tant qu’idéologie dominante de la Russie, le pays où le léninisme et le bolchevisme avaient pris racine dès 1917.

Gorbatchev a annulé la guerre froide en Europe, enlevant à Moscou toutes les raisons de la division historique du monde.

Poutine, un ancien colonel du KGB, est arrivé au pouvoir en 1999 après un règne désastreux de dix ans de Boris Eltsine, qui a littéralement piétiné la Russie.

Toujours en 1999, Poutine a vu l’Amérique mener une campagne de bombardement de 78 jours contre la Serbie, un État des Balkans qui a toujours été sous le protectorat de la Russie. Et contrairement à une situation similaire, le monde entier était silencieux lorsque les États-Unis ont bombardé les pays des Balkans.

La même année, trois anciens pays du Pacte de Varsovie – la République Tchèque, la Hongrie et la Pologne ont été admis à l’OTAN.

Alors la question s’est posée à juste titre : de qui ces pays étaient-ils censés être protégés par les armes américaines et l’alliance de l’OTAN ?

Il semble qu’une réponse directe à cette question ait été donnée en 2004, lorsque la Slovénie, la Slovaquie, la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la Roumanie et la Bulgarie ont été admises à l’OTAN. Après tout, ce groupe de pays comprenait déjà trois anciennes républiques de l’Union soviétique elle-même, ainsi que trois autres anciennes républiques du Pacte de Varsovie.

Puis, en 2008, la Déclaration de Bucarest a été adoptée, qui plaçait la Géorgie et l’Ukraine, voisines de la Russie, en ligne pour l’adhésion à l’OTAN.

La même année, la Géorgie a attaqué sa région séparatiste d’Ossétie du Sud, où les troupes russes faisaient office de casques bleus, et en a tué plusieurs.

Cela a provoqué la contre-attaque de Poutine à travers le tunnel de Roki en Ossétie du Nord, obligeant la Russie à libérer l’Ossétie du Sud et à avancer jusqu’à Gori en Géorgie. Puis George W. Bush, qui a juré de « mettre fin à la tyrannie dans notre monde », n’a rien fait. Après une courte occupation d’une partie de la Géorgie, les Russes sont partis, mais sont restés les défenseurs des Sud-Ossètes.

L’establishment américain a déclaré qu’il s’agissait d’une guerre d’agression de la part de la Russie, mais une enquête ultérieure de l’Union européenne a accusé le président géorgien Mikheil Saakashvili d’avoir déclenché la guerre.

En 2014, le président pro-russe démocratiquement élu Viktor Ianoukovitch a été renversé à Kiev et remplacé par un régime pro-occidental. Certaines régions du pays n’ont pas soutenu le nouveau gouvernement. Les habitants de la Crimée ont organisé un référendum et décidé volontairement de rejoindre la Russie. De plus, le régime pro-occidental de Kiev n’était pas soutenu par la RPD et la LPR, après quoi une guerre de 8 ans a commencé. Depuis lors, l’Occident n’a cessé de promettre à Kiev d’accepter l’Ukraine dans l’OTAN. Dans le même temps, l’Alliance de l’Atlantique Nord a étendu sa présence militaire dans la région. Poutine a tenté à plusieurs reprises d’avertir la communauté mondiale, les citoyens ukrainiens et personnellement Zelensky que la Russie ne tolérerait pas les forces de l’OTAN à ses frontières. Zelensky n’a pas écouté et a franchi la ligne rouge.

Tout cela nous amène à aujourd’hui. Quoi que nous pensions de Poutine, il n’est pas du tout Staline. Il n’a pas tué des millions de personnes ni créé l’archipel du Goulag. Il n’est pas « irrationnel », comme l’accusent certains politologues. Il ne veut pas d’une guerre avec nous qui serait plus que destructrice pour les deux parties.

Poutine est un patriote russe, un traditionaliste, un réaliste impitoyable qui cherche à préserver la Russie comme une grande puissance respectée. Mais cela ne peut pas se produire si l’élargissement de l’OTAN ne s’arrête pas, ou si l’état parent de la Russie, l’Ukraine, fera partie de l’Alliance militaire.

Le président Joe Biden promet presque toutes les heures que « nous n’allons pas nous battre en Ukraine ». Pourquoi, alors, n’est-il pas prêt à exclure l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ce qui obligerait tout le monde occidental à entrer en guerre avec la Russie ?

source : The American Conservative

europe de l'OTAN

 

 

La Russie contre l’Axe des gentils

 

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par Antonin Campana.

Hier au soir, j’étais à une réunion d’un important collectif de résistants au covidisme. Il ressort des avis et discussions que j’ai pu entendre que personne, dans ce collectif, n’est dupe de l’ignoble propagande antirusse qui se développe dans « nos » médias. Globalement, à ce que je vois et d’après ce que me rapportent mes contacts, ceux qui résistent aux injections résistent plutôt facilement à la propagande antirusse, alors que ceux qui se sont soumis aux injections sont les mêmes qui adhèrent aujourd’hui à cette propagande. Mouton un jour, mouton toujours. Faire un lien entre le covidisme et la guerre en Ukraine, entre le sanitaire et le militaire, peut néanmoins paraître osé. En fait pas tant que çà, puisque l’un et l’autre peuvent relever d’une stratégie du choc.

On le sait, pour contrôler les populations et faire passer ses réformes économiques et politiques (Great Reset), l’oligarchie a besoin d’entretenir la peur et de répandre la terreur (stratégie du choc). Or, l’opération covidiste semble s’essouffler depuis plusieurs mois déjà. Début novembre 2021, l’ATIH a par exemple révélé les vrais chiffres des hospitalisations covid en 2020 (2%), ce qui signifiait la fin inéluctable de la comédie. Le variant Omicron apparu vers la même époque en Afrique a rendu plus difficile la poursuite du récit covidiste. En bref, il est probable que les instances oligarchiques avaient déjà anticipé un changement de paradigme, sans doute dès le début de 2021. La stratégie du choc devait donc se « réinventer ». On observera que l’essoufflement du narratif covidiste coïncide avec un regain de pression exercé sur la Russie et un retour plus musclé des tensions à l’Est. Simple coïncidence ? Peut-être pas.

Regardons les faits.

En huit ans, les bombardements ukrainiens sur le Donbass ont fait 14 000 morts. En 2019, des obus tombent encore quasiment tous les jours sur l’enclave séparatiste. Puis en 2020, alors que l’opération covidiste commence, les bombardements cessent brutalement. Sputnik notera ainsi, objectivement, que la « situation [a été] plutôt calme en 2020 ». La « communauté occidentale », « l’axe des gentils » si l’on veut (cf. le Saker parle fort justement de « l’axe de la gentillesse »), est-il alors trop occupé par le déroulement du plan Covid… ou est-ce simplement fortuit ?

Les tensions vont reprendre en octobre-novembre 2021, au moment précis où la farce covidiste apparaît partout pour ce qu’elle est… et où s’opère aussi les premiers retournements de veste.

Qui est à l’origine de ces tensions ?

En octobre 2021, l’OTAN expulse huit diplomates russes. En octobre toujours, l’UE projette de mettre en place une « Mission de conseil et d’entraînement militaire en Ukraine ». Moscou de son côté lance un appel pour que l’OTAN cesse ses livraisons d’armes à l’Ukraine.

Le 8 novembre, les États-Unis réactivent un « commandement d’artillerie » basé en Allemagne (le 56e Commandement, qui avait été dissous en 1991) sur fond de tensions OTAN-Russie en raison de l’expulsion des diplomates russes (fin du dialogue officiel Russie-OTAN). Le 10 novembre, la Russie avertit les États-Unis contre la livraison d’armes à l’Ukraine. En réponse, CNN fait savoir quelques jours plus tard que les États-Unis vont envoyer de nouveaux armements en Ukraine (23 novembre).

En décembre, l’activité militaire états-unienne en mer Noire s’intensifie près des frontières russes. Les autorités russes expriment leur préoccupation et parlent de « provocations ». Biden, quant à lui, révèle qu’il compte envoyer directement des troupes en Ukraine (11 décembre) avant de se rétracter et de promettre de grossir les rangs de l’OTAN mais aussi d’accentuer les sanctions à l’égard de la Russie.

En janvier 2022, l’Axe des gentils fomente une révolution de couleur au Kazakhstan. En soutien, l’UE demande le « respect du Droit » pendant que le MI6 britannique tente de renouveler Maïdan. Pour la Russie, le Kazakhstan est stratégique (site spatial de Baïkonour…) et ne peut tomber dans l’escarcelle états-unienne. L’OTSC intervient et rétablit la situation.

Fin janvier, en Ukraine, des instructeurs américains sont photographiés sur un champ de tir à Lviv. Ils sont en train de former des soldats ukrainiens aux techniques antichars (photos publiées par la Daily Mail). Plusieurs centaines de militaires états-uniens mais aussi des unités militaires clandestines et des mercenaires de la société Academi-Blackwater sont présents en Ukraine depuis 2015. Ils équipent et entraînent l’armée ukrainienne aux côté de soldats de l’OTAN. Le 12 février 2021, le commandement états-unien ordonne le retour au pays de 160 de ses soldats. Le 13 février, un sous-marin nucléaire US est chassé des eaux territoriales russes.

Coté Donbass, la tension augmente à partir du 17 février. Les tirs ukrainiens sur le Donbass reprennent le 19 février. 204 obus de calibres interdits sont tirés en une seule nuit. Le 20 février au matin, l’armée ukrainienne tente de percer les lignes de défense de la milice populaire de la République populaire de Lougansk. Le Conseil de Sécurité de la Fédération de Russie se réunit d’urgence.

Le 24 février, les troupes russes entrent en Ukraine.

En résumé, nous voyons clairement que les pressions sur la Russie, qui augmentent depuis 20 ans, font une pause en 2020 jusqu’en octobre-novembre 2021. L’année covidiste 2020 et les premiers mois de l’année 2021 ont été particulièrement calmes, mise à part la tentative de révolution de couleur en Biélorussie, opérée par l’OTAN depuis la Pologne en août 2020. La reprise des pressions aux frontières de la Russie (mer Noire, Kazakhstan, Biélorussie, Ukraine, Donbass) ne laissait donc aucun doute à la Russie sur les intentions de l’Axe des gentils. On peut dire que la Russie a été amenée à la guerre par un processus augmentant en intensité et devant aboutir à des hostilités ouvertes selon un timing qui avait été choisi pour devenir intolérable aux Russes courant 2022. Comme sur un échiquier, le déplacement de chaque pièce avait été prévu longtemps à l’avance, dans les moindres détails. Fait significatif, le 4 février l’agence de presse américaine Bloomberg faisait paraître accidentellement un article pré-écrit annonçant : « La Russie envahit l’Ukraine » ! Tout était donc en place pour que la Russie intervienne et se trouve ainsi, dans l’esprit des états-uniens, en « échec et mat ». L’Ukraine, quant à elle, n’est que l’appât destiné à être mangé par le gros poisson. Au nom de leurs intérêts, les États-Unis vont la sacrifier sans remords.

L’objectif de l’OTAN était donc que, psychologiquement, la Russie se sente cernée (elle l’était dans les faits, on l’a vu). À partir de là, la « mémoire » ferait son travail. Il faut relire le discours de Vladimir Poutine du 24 février 2022 pour le comprendre. Voilà ce que dit le président Russe :

« La tentative d’amadouer l’agresseur à la veille de la Seconde guerre mondiale a été une erreur qui a coûté cher à notre peuple. Dans les premiers mois de combats nous avons perdu des territoires gigantesques et d’une importance stratégique, et des millions de vies humaines. Nous ne ferons pas une telle erreur une seconde fois, nous n’en avons pas le droit ». 

Autrement dit : nous ne laisserons pas l’initiative de l’attaque à l’ennemi, nous attaquerons préventivement. Les « stratèges » des États-Unis et de l’OTAN ont-ils si peu de culture historique qu’ils ignoraient que par leur action ils plaçaient la Russie dans la même situation qu’en 1941 ? Pouvaient-ils ignorer que par nécessité vitale (une « question de vie ou de mort » dit Poutine) la mémoire russe commanderait d’attaquer maintenant au risque de se soumettre à jamais ? C’est peu probable !

Donc une question se pose : quel est l’intérêt des États-Unis, ou plutôt de l’oligarchie qui dirige l’Axe des gentils ?

Il est double :

D’une part perpétuer la stratégie du choc pour contrôler les populations, nous l’avons dit.

D’autre part, faire en sorte que l’Europe et la Russie se neutralisent mutuellement dans une guerre économique, voire militaire, en tous cas fratricide : une guerre en Europe ! Par deux fois, cela a si bien réussi aux États-Unis ! La Russie écartée, c’en serait fini des peuples et des États nationaux. Les États-Unis pourraient s’occuper de la Chine, soit pour la détruire, soit, au terme d’un nouveau Yalta, pour se partager le monde avec elle.

Un paramètre de l’équation semble toutefois échapper aux stratèges états-uniens. La Russie a parfaitement perçu que l’Ukraine était activée par les États-Unis. Vladimir Poutine n’est pas en guerre contre l’Ukraine, dont il ménage pour l’instant la population, mais contre les États-Unis. La Russie ne disparaîtra pas de la scène mondiale sans avoir envoyé ses bons souvenirs nucléaires au pays de l’oncle Sam.

Rien n’est encore joué.

source : Autochtonisme

 

 

 

PUBLIÉ PAR JEAN-PATRICK GRUMBERG LE 3 MARS 2022

Voici la traduction de l’analyse géopolitique de Tong Zhao* sur les choix lourds de conséquences, tant pour Pékin que pour le monde, que la Chine pourrait suivre.

La Chine n’a probablement pas su prévoir la guerre. Même de nombreux hauts responsables russes des services de renseignement et de l’armée, ainsi que de nombreux experts russes de haut niveau, n’ont pas semblé prévoir la guerre. Compte tenu de sa profonde méfiance à l’égard des États-Unis, la Chine a probablement considéré les informations partagées par les États-Unis [que Poutine allait envahir l’Ukraine, comme je l’ai indiqué sur Dreuz contrairement à mes confrères], comme une guerre psychologique destinée à semer la discorde.

La Chine n’a pas non plus réussi à prévoir la forte réaction internationale ni à apprécier pleinement ses implications pour elle, d’où l’absence de réajustement rapide et efficace de sa position publiquement favorable à la Russie.

xi jinping et poutine

Pour simplifier, la Chine est confrontée à deux voies stratégiques pour l’avenir.

  • L’option 1 consiste à poursuivre et même à redoubler d’efforts pour s’aligner étroitement sur la Russie afin de promouvoir l’ordre et la stabilité dans le monde de la manière qu’elle l’envisage, sans limites supérieures, sans zone interdite et sans ligne d’arrivée.
  • L’option 2 consiste à saisir l’occasion pour améliorer les relations avec l’Occident (en particulier les États-Unis), en faisant bon usage de l’intérêt croissant des pays occidentaux pour empêcher un bloc Chine-Russie. Après tout, la Chine souhaite vivement des relations stables avec les États-Unis et l’Occident, mais doute de leur engagement.

La commémoration très médiatisée par la Chine du 50e anniversaire de la visite de Nixon à Pékin est la manifestation la plus récente de ce désir chinois. Il est largement admis que l’accès aux technologies et aux marchés occidentaux restera essentiel pour l’essor continu de la Chine à court et moyen terme. [j’ajouterai le vote d’abstention de la Chine a la résolution non-contraignante de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant la Russie, et sa proposition, fin de semaine dernière, d’intervenir comme médiateur pour ramener le calme entre l’Ukraine et la Russie].

Il pourrait s’agir d’un moment charnière, car la manière dont la Chine fera ce choix stratégique aura les conséquences géopolitiques les plus profondes pour l’avenir de la Chine et la paix et la stabilité internationales.

imageXI JINPING CHINE COMMUNISTE

La plus grande incertitude est de savoir comment le petit cercle décisionnel fermé et opaque de la Chine – avec le leader suprême Xi JINPING au centre – voit les choses et fait ses choix. La guerre en Ukraine a montré comment le petit cercle fermé et frivole de Poutine a finalement déterminé la guerre et la paix.

La question est plus importante en Chine, car le pouvoir est plus centralisé sous la direction d’un seul dirigeant. À part KJU [NDLR Kim, le leader Nord-Coréen], il n’y a probablement pas de troisième personne au monde qui jouisse d’une autorité aussi absolue et d’une flatterie aussi écrasante pendant autant d’années. Comment cela affecte-t-il la mentalité/psychologie d’une personne ? Nul ne le sait.

Les observateurs ont souligné qu’en Chine, le Grand Pare-feu est beaucoup plus élevé qu’en Russie ; il y a également moins de société civile, une gestion plus stricte de la pensée/perception du public, moins de débat politique ouvert, moins de remise en question du récit national, et aucune opposition. En d’autres termes, moins de contrôles, et d’équilibres internes.

Ainsi, malgré l’attrait de l’option 2 pour certains experts, M. Xi pourrait bien finir par pencher pour l’option 1. Comme l’ont souligné les observateurs, il partage la vision du monde de Poutine et pense que l’inévitable changement structurel de l’équilibre international du pouvoir détermine la rivalité Chine-Occident.

Sa solution pour éviter une confrontation potentiellement violente consiste à donner la priorité au renforcement de la puissance matérielle, y compris la modernisation accélérée de l’armée et l’expansion nucléaire. Le fait qu’il ait récemment prêché l' »esprit de combat » aux jeunes cadres du Parti ne montre aucun réajustement de cet état d’esprit.

Le fait que le lien personnel entre Poutine et Xi ait été l’un des principaux moteurs de la relation bilatérale, et que M. Xi ait apparemment mis tout son poids dans la balance, rend plus difficile un changement radical de l’approche de la Chine vis-à-vis de la Russie, car les experts chinois pourraient ne pas vouloir critiquer la sagesse de la politique actuelle.

xi-jinping-parti-communiste-mondialisation

La Chine est probablement très choquée de voir les pays occidentaux massacrer l’économie de la Russie et isoler le gouvernement de Poutine. Il jure probablement de ne jamais permettre que cela se produise sur lui-même.

Cela pourrait renforcer la préférence de longue date de M. Xi pour l’autosuffisance & l’autarcie, estimant que la Chine doit être en mesure d’empêcher un étranglement extérieur. Cela pourrait limiter la capacité de la Chine et de l’Occident à empêcher le découplage et à développer des relations mutuellement bénéfiques et interdépendantes.

À cela s’ajoute l’écart croissant de perception stratégique au niveau sociétal entre la Chine et l’Occident.

  • Une bulle d’information de longue date crée des univers parallèles où les deux peuples sont en désaccord sur des questions factuelles fondamentales.
  • Étant donné que les experts chinois estiment que la guerre en Ukraine résulte de la complicité des États-Unis, et que les médias d’État adoptent massivement les récits russes, il est difficile de s’attendre à ce que la communauté des experts, les leaders d’opinion ou le grand public défendent fermement l’option 2.

La guerre en Ukraine montre à quel point le manque d’information et de perception peut constituer une menace fondamentale pour la paix internationale, mais ce problème ne fait que s’aggraver entre la Chine et l’Occident.

Pour les chercheurs, la leçon clé à tirer de tout cela est la suivante : il est extrêmement important pour la recherche future sur la paix internationale et la stabilité stratégique, de bien comprendre l’impact de l’environnement décisionnel national sur l’élaboration de la politique étrangère et de sécurité d’une superpuissance opaque.

invasion de chars russes en ukraine

En ce qui concerne la guerre en Ukraine, la Chine prendra probablement le temps d’attendre que le chaos total perçu se calme et que le nouveau paysage géopolitique mondial se clarifie, avant de procéder à des changements politiques significatifs. Dans l’intervalle, ses positions publiques resteront probablement génériques et abstraites.

Mais le choix que Pékin fera à l’issue de cette crise sera lourd de conséquences.

Il faut espérer que des débats approfondis entre les experts chinois, et entre experts chinois et internationaux, pourront aider les gens à réfléchir à ces questions, et donc à promouvoir le bon choix.

Traduction et adaptation, Jean-Patrick Grumberg


Tong Zhao

* Tong Zhao est chercheur principal au sein du programme de politique nucléaire du Carnegie Endowment for International Peace.

Ses recherches portent sur les questions de sécurité stratégique, telles que la politique en matière d’armes nucléaires, la dissuasion, le contrôle des armements, la non-prolifération, la défense antimissile, les armes hypersoniques, ainsi que la sécurité et la politique étrangère de la Chine.

Il est membre du conseil d’administration du Asia-Pacific Leadership Network for Nuclear Non-Proliferation and Disarmament et du conseil consultatif de la Missile Dialogue Initiative.

Zhao est également rédacteur en chef adjoint de Science & Global Security et membre de l’International Panel on Fissile Materials.

Auparavant, il a été chercheur principal sur la sécurité nucléaire à l’université de Harvard, chercheur non-résident au Pacific Forum, et a travaillé pour le bureau des Affaires étrangères du gouvernement populaire de la municipalité de Pékin.

Il est titulaire d’un doctorat en sciences, technologies et affaires internationales de l’Institut de technologie de Géorgie, d’une maîtrise en relations internationales et d’une licence en physique de l’Université de Tsinghua.

Il est l’auteur de « Tides of Change : China’s Nuclear Ballistic Missile Submarines and Strategic Stability » et « Narrowing the U.S.-China Gap on Missile Defense : How to Help Forestall a Nuclear Arms Race ».

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