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POLITIQUE EN PACA & POLICY IN THE WORLD in English, French and Italian 0632173633 - diaconesco@gmail.com
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1 mai 2020

DEMAIN APRES LE DECONFINEMENT EN ITALIE CETTE DERNIERE SE PREPARE ELLE AUSSI A L' ITALEXIT POUR SORTIR DE L'UNION EROPEEENNE !

Signe de la montée de l'euroscepticisme en Italie, plusieurs responsables politiques se sont mis en scène brûlant le drapeau de l'Union européenne.
Signe de la montée de l'euroscepticisme en Italie, plusieurs responsables politiques se sont mis en scène brûlant le drapeau de l'Union européenne. - Mikhail Voskresenskiy / Sputnik / Sputnik via AFP
Europe
Avec le coronavirus, l'hostilité envers l'Union européenne atteint des sommets en Italie
L'impact dramatique du coronavirus chez nos voisins transalpins, associé à l'absence de solidarité des pays du Nord, aboutit à une montée sans précédent de la défiance envers l'Union européenne. Près d'un Italien sur deux se dit prêt à ce que le pays quitte l'UE.

La chute est brutale, spectaculaire. D'après un sondage de l'institut Tecnè mené les 9 et 10 avril, les Italiens ne sont désormais plus que 51% à vouloir rester dans l'Union européenne, 20% de moins qu'en novembre 2018, tandis que 49% se déclarent favorables à un "Italexit". Les chiffres s'accumulent, décrivant tous la même tendance : une étude de Winpoll montre que 84% des Italiens estiment que les autres pays de l'UE n'ont pas aidé l'Italie durant la crise du Covid-19, et que 79% ont le même avis concernant les institutions européennes. Seul un tiers des Italiens juge "qu'à la lumière des événements sanitaires, l'appartenance à l'UE est positive pour l'Italie".

Derrière les données sondagières, il y a des actes symboliques. Alors que les Italiens ont affiché leur drapeau tricolore aux fenêtres et aux balcons en signe d'unité nationale, certains, notamment des élus locaux, se sont mis en scène décrochant, voire brûlant, la bannière étoilée de l'Union européenne. A l'initiative du mouvement, Fabio Rampelli, vice-président de la Chambre des députés et membre de Fratelli d'Italia, parti de droite nationaliste.

Les déclarations critiques envers l'UE ont également émaillé les dernières semaines de l'autre côté des Alpes. Sans surprise, les opposants historiques à la construction européenne se sont exprimés, à l'image de Giorgia Meloni, la cheffe de Fratelli d'Italia : "L'UE ne faisait rien, elle essaie désormais de profiter de nos difficultés, a-t-elle dénoncé. Pendant que nous comptons nos morts, l'UE évalue le risque de perdre les intérêts sur ses obligations". Réduire les protestations au camp "eurosceptique" serait toutefois une erreur. Sergio Mattarella, président de la République italienne et défenseur convaincu de l'UE, avait ainsi adressé une mise en garde solennelle le 27 mars, en appelant les autres pays de l'organisation communautaire à "la solidarité", les soupçonnant de sous-estimer "la gravité de la menace pour l'Europe". Dans un entretien au Monde, Maria Elisabetta Casellati, présidente du Sénat transalpin, a appelé les nations européennes, à ne pas "détourner le regard", rappelant que l'Italie avait "maintes fois fait preuve de solidarité", y compris "à l’égard de l’Allemagne, en la sauvant, avec d’autres pays, après la seconde guerre mondiale, puis en réduisant de moitié sa dette qui a été échelonnée avec un délai de trente ans, et enfin après la réunification".

Même les pro-Européens vacillent

Signe que la situation est exceptionnelle, certains des européistes les plus convaincus voient leurs certitudes vaciller, comme par exemple le député de gauche Stefano Fassina, ancien cadre du Parti démocrate, qui prévoit un "divorce" de l'Italie et de la zone euro. L'état d'esprit de Carlo Calenda, député européen, est saisissant : interrogé par le Financial Times, l'ancien ministre du Développement économique de Matteo Renzi parle de "menace existentielle" : "Mon parti est l'un des plus pro-européens en Italie et maintenant, des membres m'écrivent en me disant : 'Pourquoi vouloir rester dans l'UE ? C'est inutile.' Un mouvement massif se produit en Italie. Des milliers de pro-européens rejoignent cette position". Fin mars, Calenda, des maires et des gouverneurs régionaux issus de la gauche italienne ont acheté une pleine page dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung pour y dénoncer le comportement des Pays-Bas et de l'Allemagne vis-à-vis de l'Italie : "Votre place est avec l'Europe des institutions, des valeurs de liberté et de solidarité, exhortaient les Italiens dans le quotidien germanique. Pas à suivre des petits égoïsmes nationaux." La presse transalpine n'est pas en reste : le 27 mars, après que le Premier ministre Giuseppe Conte a refusé de signer les conclusions du Conseil européen en réponse à la crise économique, La Repubblica, d'habitude pro-UE, titrait "Laide Europe", quand il Fatto Quotidiano se faisait plus direct : "Conte dit à une Europe morte d'aller se faire foutre".

A l'origine de cette vague de critiques, il y a évidemment le lourd bilan que le coronavirus fait peser sur l'Italie : la Lombardie, dans le nord du pays, a été la première région européenne à être touchée par l'épidémie. Le Covid-19 a fait près de 28.000 morts en Italie, et les conséquences économiques et sociales du confinement total risquent d'être lourdes : le ministre des Finances a prévu une baisse de 6% du PIB italien, un chiffre jugé optimiste par de nombreux observateurs. Et dans cette tempête, le pays qui a le plus souffert ne devrait recevoir qu'une aide très limitée de la part de l'Union européenne…

Après la crise des dettes souveraines en Europe en 2010, le système de santé transalpin a subi des coupes de 37 milliards d'euros ces dix dernières années, l'empêchant aujourd'hui de répondre efficacement à l'épidémie de coronavirus.

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Les pays membres de l'organisation supranationale se déchirent en effet sur la réponse économique à apporter à la pandémie. L'Italie, appuyée notamment par la France et l'Espagne, soutient une option ambitieuse, l'émission d'obligations européennes, les "coronabonds", ce qui reviendrait à mutualiser en partie la dette entre pays de l'UE partageant déjà une même monnaie. Cette solution a rencontré l'opposition farouche de deux pays du Nord, l'Allemagne et les Pays-Bas, au niveau d'endettement moins élevé. Ceux-ci défendent une réponse plus conventionnelle et ponctuelle, la mobilisation du Mécanisme européen de stabilité (MES), un fonds de soutien dont beaucoup d'économistes estiment qu'il sera insuffisant pour soutenir l'activité. Les Pays-Bas voulaient même conditionner l'obtention de l'aide financière à des critères économiques spécifiques, une exigence à laquelle ils ont dû renoncer.

Mais au-delà du caractère trop étroit de ce soutien économique, les Italiens ne veulent pas entendre parler du prêt européen via le MES, traumatisés par les conséquences sociales dramatiques de l'austérité imposée par l'UE et l'Allemagne. Après la crise des dettes souveraines en Europe en 2010, le système de santé transalpin a subi des coupes de 37 milliards d'euros ces dix dernières années, l'empêchant aujourd'hui de répondre efficacement à l'épidémie de coronavirus. Sous l'effet des réformes de flexibilisation du travail et du manque d'investissement publics, la précarité, le chômage et la dégradation des infrastructures publiques ont durement touché la société italienne, l'exemple le plus frappant étant l'effondrement du pont de Gênes en août 2018. Les privatisations ont en outre démantelé progressivement l'industrie italienne, pénalisée par un euro trop fort. D'où le succès de partis politiques comme la Ligue ou le Mouvement 5 Etoiles, qui ont basé leur discours sur le refus des "exigences européennes" iniques et humiliantes.

L'inconséquent mépris des pays du Nord

En 2012, Angela Merkel avait déclaré qu'aucune mise en commun des dettes des pays européens n'aurait lieu "tant qu'elle serait vivante". Huit ans plus tard, les Allemands n'ont pas changé d'avis, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (également allemande) a également écarté l'option des coronabonds, qualifiant cette idée de "slogan" et se rangeant de fait du côté de ses compatriotes. Le raisonnement des pays du Nord est simple : dans l'esprit des responsables allemands et néerlandais, il n'est pas envisageable que les pays "vertueux" qui maîtrisent leurs dépenses publiques mutualisent leurs dettes pour financer les excès des nations moins rigoureuses telles que l'Italie, dont la dette publique représente 134% de son PIB. Ce mélange d'ordolibéralisme et de morale protestante aboutit à réclamer des Italiens des "efforts" sans cesse renouvelés pour affaiblir leur modèle social et faire baisser leurs dépenses.

En 2017, Jeroen Dijsselbloem, patron néerlandais de l'Eurogroupe, avait fustigé les pays qui "dépensent tout leur argent en femmes et en alcool et demandent ensuite de l'aide".

Le hic est que ce discours en apparence raisonnable ne résiste pas à l'examen des faits : l'Italie pâtit en réalité de la dette creusée par le régime chrétien-démocrate… il y a près de 40 ans. Lors de l'adoption du traité de Maastricht, le pays croulait déjà sous les déficits… et il a fait des efforts en conséquence : depuis le début des années 1990 et à l'exception de la crise financière, l'Italie dégage chaque année un solde primaire en excédent ; cela signifie que si l'on retire le paiement des intérêts de la dette, l'Etat engrange davantage de recettes que de dépenses. Entre 1995 et 2019, le solde primaire cumulé des finances publiques italiennes représente 56,3% de son PIB… bien plus que les "rigoureux" Allemands (19,5%) et Néerlandais (18%), qui bénéficient de taux d'intérêts plus bas. Pire, la diète excessive des Italiens a eu un impact négatif sur leur économie, empêchée de se relever en raison de la contraction des dépenses. La croissance étant atone, l'Etat n'a pas pu engranger de recettes suffisantes pour couvrir les intérêts de la dette et ses dépenses courantes, ce qui a abouti in fine à créer des déficits, et plus de dette.

Ce raisonnement économique a visiblement échappé aux "partenaires" du nord de l'Europe. En 2017, Jeroen Dijsselbloem, patron néerlandais de l'Eurogroupe, avait fustigé les pays qui "dépensent tout leur argent en femmes et en alcool et demandent ensuite de l'aide". Plus récemment, le ministre des Finances des Pays-Bas Wopke Hoekstra a réclamé en mars une enquête de la Commission européenne afin de déterminer pourquoi l'Italie et l'Espagne ne disposaient pas des marges budgétaires pour faire face au coronavirus, une remarque qualifiée de "répugnante" par le Premier ministre portugais António Costa. Quant à la presse allemande, elle déverse à intervalles réguliers son mépris sur l'Italie, qualifiée de "pays Club Med" ou rangée parmi les "PIGS" qui menaçeraient l'économie de l'UE. Le résultat paraît inéluctable : un membre fondateur de l'Union, historiquement l'un des plus favorables à la construction européenne, est désormais prêt à la quitter.

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